samedi 18 octobre 2014

NAJ / LA CASA MAYA / LA MAISON MAYA

Vous connaissez mon grand intérêt pour les maisons typiques que l'on rencontre dans le Mayab.  
Il existe deux mots en maya (depuis l'Antiquité) pour désigner la maison. Naj (anciennement écrit Nah) est descriptif: "je vois une belle maison maya" tin wilik junp'éel jats'uts naj ; otoch (dans d'autres langues mayas otot) est affectif: "ma maison" in wotoch.

Conocen ustedes mi gran interés para las casas típicas que se encuentran en el Mayab.
Hay dos palabras en maya (desde la Antigüedad) para significar la casa. Naj (escrito antes Nah) es descriptivo: "veo una hermosa casa maya"  tin wilik junp'éel jats'uts naj otoch (en otras lenguas mayas otot) es afectivo: "mi casa" in wotoch


À l'occasion de l'ouverture de la grande exposition Mayas. Révélation d'un temps sans fin, s'est tenu au Quai Branly un colloque international sur les Mesures et textures du Temps chez les Mayas du 8 au 10 octobre dernier. J'avais l'honneur et la joie d'y être l'envoyée spéciale d'El Chilam Balam et je vous en reparlerai. En marge de cet événement avait lieu le samedi 11 octobre à la bibliothèque du Musée une conférence en français par Fabienne de Pierrebourg (Quai Branly) et Mario Humberto Ruz (Centro de Estudios Mayas, UNAM), tous deux membres du Comité scientifique du colloque.

En el marco de la gran exposición Mayas. Revelación de un tiempo sin fin fue organizado en el Quai Branly un coloquio internacional sobre Medidas y texturas del tiempo entre los mayas, del 8 al 10 de octubre. Me sentí honrada y alegre de asistir  al coloquio como enviada especial de El Chilam Balam, y les diré más sobre eso. A proposito de este evento, hubo el sábado 11 de octubre en la biblioteca del Museo una ponencia en francés de Fabienne de Pierrebourg (Quai Branly) y Mario Humberto Ruz (Centro de Estudios Mayas, UNAM), que fueron los dos en el Comité cientifico del coloquio.

La conférence se prépare (à gauche, les deux conférenciers) - photo N. Genaille
La ponencia se prepara (a la izquierda los dos ponentes) - foto N. Genaille

Cette conférence s'intitulait Nah, Otoch: conception, facture et attributs de la maison maya, et je vous en donne la primeur. C'était en fait l'occasion de présenter un ouvrage du même titre qui vient de paraître en espagnol au Yucatán (Izamal, 2014) sous la direction des deux auteurs de la conférence: de 2009 à 2013, Mario Ruz a dirigé un projet intitulé "domestiquer la biodiversité", avec tout un groupe de chercheurs, et il a confié à Fabienne de Pierrebourg l'étude de la maison maya au Yucatán.

Esta ponencia fue titulada Nah, Otoch: concepción, factura y atributos de la morada maya, y aquí la pueden descobrir. Estaba para los ponentes la occasión de presentar en Francia el libro del mismo titulo que acaba de pubricarse en Yucatán (Izamal, 2014), con ellos dos como coordinadores. Desde 2009 hasta 2013, Mario Ruz dirigió un proyecto titulado "domesticar la biodiversidad", y había pedido a Fabienne de Pierrebourg de estudiar para este proyecto la casa maya en Yucatán.




Cette causerie à bâtons rompus illustrée de nombreuses diapositives a duré plus d'une heure, devant une vingtaine de personnes, et elle couvrait tout un champ d'études sur la vie maya. Pour moi, elle a été un vrai plaisir.
Mario Ruz, en premier, a présenté l'environnement de la maison, très largement dans le monde maya et pas seulement au Yucatán. Il a montré les visages du paysage, et les sources dont nous disposons. Pour faire sentir comment les Mayas utilisent la biodiversité, il a évoqué l'art d'apprivoiser la nature, le principe de redistribuer les dons (tant autrefois par l'autosacrifice qu'aujourd'hui par les offrandes ou les cérémonies comme le ch'a'a cháak pour faire tomber la pluie). Il a rappelé le caractère fondamental du maïs dans l'agriculture, évoqué en vrac les ressources variées, cacao, chasse, plumes, pêche, lianes, chicle, abeilles et même en temps de famine des plantes comme le ramón; aussi les boissons avec le baalché, les feuilles de huano essentielles pour les toits des maisons, les teintures (j'ai ainsi appris qu'on utilisait encore le fameux "bleu maya", si lumineux et résistant, jusqu'au 18e siècle), les différentes sortes de pierres…
Ensuite il en est venu plus précisément à la maison: sa forme générale ovale, ses matériaux, terre battue (embarro, pak' lu'um) et poteaux à claire-voie (bajareque, kolóojche'). Il a évoqué la fascination du toit, une oeuvre d'art pour laquelle existe un riche vocabulaire, et il nous a montré la poutre maîtresse, beel ch'o', le "chemin de la souris", avec la calebasse renversée qui y sert de piège… Il a rappelé l'usage de construire ensemble les maisons les uns des autres, et aussi l'importance des portes, montré les hamacs ("camas de viento", k'áan), la vaisselle, le foyer, et pour finir il a évoqué les cérémonies pour consacrer la maison, les offrandes à la maison, au puits (ch'e'en), aux murets de pierre sèches (albarradas, koot).

La ponencia fue una charla de más de una hora, ilustrada de muchas diapositivas, ante dos docenas de personas, y cubría varios temas de estudio sobre la vida maya. Me gustó mucho.
Al inicio, Mario Ruz presentó el entorno de la casa, generalmente en el mundo maya y no solamente en Yucatán. Mostró los aspectos del paisaje, y las fuentes que tenemos. Para aclarar cómo los mayas usan la biodiversidad, evocó el arte de amansar la naturaleza, el principio de volver a distribuir los donativos (antes por el auto-sacrificio, ahora por las ofrendas o las ceremonias como el ch'a'a cháak para pedir la lluvia). Recordó cómo es fundamental el maíz en la agricultura, evocó los varios recursos, cacao, caza, plumas, pesca, bejucos, chicle, abejas, y también en la hambruna plantas como el ramón, las bebidas como el baalché, las hojas del huano esenciales para el techo de la casa, las tintes (descubrí que se usaba todavia el famoso "azul maya", tan luminoso y résistante, hasta el siglo 18), las varias clases de piedras…
Después, el ponente vino a la casa misma: su forma oval, sus materiales, embarro (pak' lu'um) y bajareque (kolóojche'). Evocó la fascinación del techo, una verdadera obra de arte para la cual existe un numeroso vocabulario, y nos mostró el madero principal, beel ch'o', el "camino del ratón", con la calabaza invertida que funciona allí arriba como trampa… Recordó la costumbre de construir juntos las casas los unos de los otros, y también la importancia de la puerta, nos mostró las hamacas ("camas de viento", k'áan), la vajilla, la cocina, y terminó evocando las ceremonias para consagrar la casa, las ofrendas a la casa, al pozo (ch'e'en), a las albarradas (koot).




Maison maya à Popolá,  août 2013 - photo N. Genaille
Casa maya en Popolá, agosto de 2013 - foto N. Genaille


Fabienne de Pierrebourg avait étudié la maison yucatèque dans deux zones, l'une au Nord, à l'est de Progreso, où les maisons sont souvent en pierre, et l'autre au Sud, du côté de Tekax. Dans son exposé, elle a présenté l'évolution de la maison: la demeure traditionnelle est ovale, un rectangle avec deux extrémités arrondies (mooyo'ob) et la porte au centre de la longueur ; on retrouve ce même schéma jusque dans certaines maisons modernes en béton. La rue est née de l'époque coloniale, avec l'obligation d'avoir une porte sur la rue pour éviter que les Mayas ne "complotent" entre eux, si bien que souvent la première maison de l'ensemble traditionnel familial, la maison principale, comporte deux issues, une vers la rue, l'autre vers le terrain (solar, táankab) qui est à la fois cour et jardin, tandis que les autres bâtiments groupés dans le solar, maisons des enfants, réserves, cuisine, poulailler, etc. n'ont qu'une seule porte.
La conférencière nous a montré l'intérieur de la maison, avec l'autel familial, les armoires, les hamacs, l'autel des morts, les trois pierres du foyer, k'óoben (qu'on trouve dans la mythologie des origines des temps sur les inscriptions), la banquette pour les tortillas. Elle a indiqué que le solar est couvert de végétation, à la fois d'usage économique (verger, huano pour le toit) et d'usage protecteur, contre la curiosité ou les mauvaises intentions des passants ou des forces extérieures. Elle a rappelé que dans le solar les Mayas trouvent un complément à l'apport de la milpa, avec l'élevage de la volaille et des porcs, et parfois une parcelle de champ. Et elle a signalé que, dans le Sud tout au moins, le fond du solar est souvent une zone plus sauvage de forêt, parfois même avec une grotte: cette partie reculée servait de toilettes il n'y a pas si longtemps, mais moins prosaïquement, c'est une zone dangereuse où règnent les forces mystérieuses du Mayab, où les vents mauvais (iik'o'ob) soufflent aux environs de minuit.
Fabienne de Pierrebourg nous a enfin rappelé que la maison maya est un espace rituel, et qu'on y fait des offrandes, en général du saka' (atole de maïs blanc sucré au miel) au centre et aux coins, et même, dans les cas plus graves, on fait appel à un jmeen, le prêtre maya, pour une cérémonie spéciale. Elle a d'ailleurs signalé qu'Olivier Le Guen (CIESAS) a observé dans le Quintana Roo des autels aux gardiens des animaux que l'on va chasser, édifiés dans le solar.
La conférence s'est achevée par une allusion aux figurations préhispaniques de maisons, et aux trouvailles archéologiques: il semble que la maison maya soit construite selon un modèle très ancien, qui résiste tout en continuant à se transformer.

Fabienne de Pierrebourg había estudiado la casa yucateca en dos zonas, una en el Norte, al este de Progreso, en donde a veces las casas son en piedras, y la otra en el Sur, alrededor de Tekax. En su ponencia, presentó la evolución de la casa: claro, la morada tradicional es oval, un rectángulo con dos rincones redondos (mooyo'ob) y la puerta al centro del largo lado. Se encuentra la misma disposición hasta en algunas casas modernas rectangulares en hormigón. La calle nació de la época colonial, cuando los mayas estaban obligados tener una puerta en la calle para no "complotar" entre se. Así, muy a menudo la primera casa del conjunto tradicional de habitación familiar tiene dos puertas, una en la calle, y la otra en el solar (táankab) que es al mismo tiempo patio y jardín, y los otros edificios del solar (casas de los hijos, cocina, gallinero etc.) tienen una única puerta.
La ponente nos mostró la parte interior de la casa, con el altar familiar, los armarios, las hamacas, el altar de los muertos, las tres piedras de la cocina, k'óoben (que se encuentran ya en las inscripciones para la mitologia del inicio de los tiempos), la banqueta para las tortillas. Indicó que el solar está lleno de vegetación, al mismo tiempo para usarla (huerta, huano para los techos) y para proteger la casa de la curiosidad o de las malas intenciones de los transeuntes o de las fuerzas de afuera. Recordó que en el solar los mayas tienen recursos que completan la milpa, cría de aves (pavos y gallinas) y de cochinos, y a veces un pequeño campo cultivado. Señaló también que, al menos en el Sur, el fundo del solar está una parte más salvaje de monte, a veces con una cueva. Esta parte, todavia hace poco tiempo, era usada como baño. Menos prosaicamente, es una zona peligrosa, en donde se encuentran las fuerzas misteriosas del Mayab, donde los malos vientos (iik'o'ob) soplan a la media noche.
Al fin, Fabienne de Pierrebourg nos recordó que la casa maya es un espacio ritual, que en ella se hacen ofrendas, generalmente saka' (atole de maíz blanco con miel) al centro y en los rincones, pero en casos más graves invitan a un jmeen, el sacerdote maya, para que haga una ceremonia especial. También señalo que Olivier Le Guen (CIESAS) observó en los solares de Quintana Roo altares para los guardianes de los animales que los mayas van a cazar.
La ponencia se terminó por una allusion a las figuraciones pre-hispanicas de casas y a los hallazgos arqueológicos: parece que la casa maya está edificada según un modelo muy antiguo, que resiste y se sigue transformando.


La vie dans la maison maya (tissu brodé, Grand Musée du Monde Maya, Mérida) - photo N. Genaille
La vida en la casa maya (tejido bordado, Gran Museo del Mundo Maya, Mérida) - foto N. Genaille

Il s'en est suivi une discussion animée, où l'on a reparlé du solar, de l'évolution des cimetières, du destin de la maison quand elle vieillit.
De cette conférence se dégageait le sentiment réconfortant que la maison maya est bien  vivante, parce que les Mayas forment une société toujours vivante qui conserve ses valeurs, et c'était aussi l'impression que j'avais rapportée du Yucatán en 2013.

Hubo después una discusión animada, en donde se habló de nuevo del solar, y se habló también de los cementerios y su evolución, y del destino de la casa cuando envejece.
Después de esta ponencia, teníamos la impresión alentadora que el uso de la casa maya está vigente, porque los mayas son una sociedad que vive todavía y que conserva sus valores. Esta es también mi opinión después de la visita que hice a Yucatán en 2013.

Coïncidence? Vendredi 17 octobre, dans le cadre du deuxième Festival Maya Indépendant, a eu lieu à Mérida, Yucatán, à la UADY, une autre conférence sur la maison maya. Celle-ci a été présentée comme l'une des formes de résistance des Mayas, et une réalisation dont le panel d'ethnologues a reconnu la vrai beauté. Les dangers qu'elle court actuellement sont dus à la pénurie de huano pour les toits, et à de mauvaises politiques du logement. J'ai pour source les tweets publiés à ce moment-là par El Chilam Balam.

¿Coincidencia? El viernes 17 de octubre, en el segundo Festival Maya Independiente, hubo en Mérida, Yucatán, en la UADY, otra ponencia sobre la casa maya. Fue presentada como una de las maneras de resistir de los mayas, y una realización de la cual el panel de etnólogos estuvo de acuerdo de reconocer la verdadera belleza. Los peligros que la amenazan ahora son la escasez de huano para los techos, y una mala politica de vivienda. Según los tuits emitidos en ese momento por El Chilam Balam.

Autre coïncidence, à mon cours de maya, nous sommes en train de lire le prix Nezahualcóyotl de littérature en langues mexicaines d'Isaac Esau Carrillo Can intitulé Danses de la nuit (U yóok'otilo'ob áak'ab), et grâce à ce texte, je vois évoluer une famille maya dans sa maison traditionnelle, par les yeux d'une fillette.

Otra coincidencia, en mi clase de maya, estamos leyendo el premio Nezahualcóyotl de literatura en lenguas mexicanas por Isaac Esau Carrillo Can titulado Danzas de la noche (U yóok'otilo'ob áak'ab), y gracias a este libro, vive enfrente de mis ojos una familia maya en su casa tradicional, en la narración supuesta de una niña


Je vais clore mon article sur cette notation émouvante, un extrait du texte dans les deux langues de l'original et dans ma traduction française.

Terminaré mi articulo por esta emocionante nota, un fragmento del texto en las dos lenguas del libro, y en mi traducción al francés.


Tuláakal u k'iintsilil táan u yila'al u síijil in wíits'ine', tene' táankab yanen lo'obale' tumeen mejen xch'úupale' ma' bin uts u yiliko'ob le je'elo', chéen táan u máan in wich in wilik ku jóok'ol in chiich, ku ka'a okol, ku jóokol, beyo' beyo' tak ka jóok'e' (…) ka tu ya'alaj ten : -Sáam le ba'alo', chan xiib.
Ka tin wu'uyaj beyo' ka jtaakchaj in wok'ol tumeen u k'áat u ya'ale' yaan u ya'abtal in meyaj, ba'ale' ki'imakchaj in wóole' tumeen yanchaj in túumben íits'in. (p. 28)

"Durante el tiempo del alumbramiento yo me encontraba en el patio de la casa, en el entendido de que las niñas no debían presenciar tal suceso. Unicamente observaba que mi abuela entraba y salía en repetidas ocasiones hasta que finalmente salió (…) y dijo: - ¡Listo! fue niño.
Al oír la noticia me dieron ganas de llorar porque significaba más trabajo, pero también de alegría por el nuevo hermano que había nacido." (p. 29)

Tout le temps de la naissance de mon frère, j'étais dans la cour parce que ce n'est pas un spectacle pour une petite fille, mais je regardais ici et là, et je voyais ma grand-mère entrer et sortir, entrer et sortir, et ainsi de suite jusqu'à ce qu'elle sorte (…) et me dise: "Voilà, c'est un petit garçon."
Quand j'ai entendu cela, j'ai eu envie de pleurer, parce que cela voulait dire que j'aurais plus de travail, mais je me suis réjouie, parce que j'avais un nouveau petit frère.

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