jeudi 4 juin 2015

Platero, l'âne d'argent / Platero, el burrito de plata


Quel plaisir de redécouvrir Platero et moi, de Juan Ramón Jiménez!
¡Qué gusto! volver a leer Platero y yo, de Juan Ramón Jiménez.



Platero, le petit âne clair comme l'argent (plata), dont on peut transformer le nom de toutes les manières affectueuses possibles (comme une fillette le fait dans le texte: "mon gros Platero! mon petit Platero! mon mignon Platero!"), est le compagnon du poète dans sa campagne andalouse. Car ces textes sont bien des poèmes en prose, les premiers poèmes en prose en langue espagnole, comme je l'ai lu dans un commentaire. Platero est complice des méditations, des lectures, des émotions de cet amoureux de la nature et des livres... Et je suis sous le charme de son ami "velu, doux, si moelleux d'aspect qu'on le dirait en coton (...), acier et argent de lune tout à la fois".
Platero, el burrito claro como plata, cuyo nombre se puede transformar de todos modos cariñosos (como lo hace una niña en el texto: "¡Platero! ¡Platerón! ¡Platerillo! ¡Platerete!") es el compañero del poeta en su campo andaluz. Pues esos textos son verdaderos poemas en prosa, los primeros poemas en prosa en lengua española, según lo lei en un comentario. Platero es el cómplice de las meditaciones, lecturas y emociones de ese aficionado de la naturaleza y de los libros... Yo estoy encantada por su amigo "peludo, suave, tan blando por fuera que se diría todo de algodón (...), acero y plata de luna, al mismo tiempo."

Mon maître en littérature espagnole et moi-même, nous lisons quelques textes à chaque fois, les savourant, nous délassant ainsi des cruautés de L'automne du patriarche de Garcia Marquez, même  si Platero lui aussi côtoie parfois la tristesse, la pauvreté et la mort. Nous avons pris la première édition, de 1914, plus facile à trouver sur internet. Mais l'ordre des textes est bien différent de celui de la seconde, et quand je regarde mon édition française, je dois naviguer dans l'ensemble du texte, picorant à droite et à gauche, autre plaisir poétique...
La traduction française de Claude Couffon est excellente... Une amie me l'avait fait connaître il y a longtemps déjà. Mais quelle joie de lire en espagnol! Et comme je suis une incorrigible traductrice, je ne résiste pas à faire mes propres traductions, et j'ai envie de vous donner ici (après le texte espagnol) celle du deuxième poème que j'ai lu ainsi: une vision impressionniste et romantique à la fois du couchant, dans une langue riche et sonore, savoureuse et sensible:
Mi maestro en literatura española y yo, leemos cada vez algunos textos, saboreandolos; es un descanso de la crueldad del Otoño del patriarca de Garcia Marquez, aunque Platero también encuentre la tristeza, la pobreza y la muerte. Tomamos la primera edición de 1914, más fácil a encontrar en internet. Sin embargo el orden de los textos es muy diferente del de la segunda edición, y cuando me refiero a mi edición en francés, debo navegar en todo el libro, buscando de todos lados, otro gusto poético.
La traducción al francés de Claude Couffon es excelente... Una amiga me la dio a conocer hace tiempo. Pero qué alegría leerlo ¡en español! Y siendo una incorrigible traductora, hago mis propias traducciones... Tengo ganas entonces de darles aquí (después del texto español) mi traducción del segundo poema de Platero que lei, una visión del ocaso impresionista y romántica al mismo tiempo, en una lengua rica y sonora, sabrosa y sensible:


Paisaje grana
La cumbre. Ahí está el ocaso, todo empurpurado, herido por sus propios cristales, que le hacen sangre por doquiera. A su esplendor, el pinar verde se agria, vagamente enrojecido, y las hierbas y las florecillas, encendidas y transparentes, embalsaman el instante sereno de una esencia mojada, penetrante y luminosa;
Yo me quedo extasiado en el crepúsculo. Platero, granas de ocaso sus ojos negros, se va, manso, a un charco de aguas de carmín, de rosa, de violeta. Hunde suavemente su boca en los espejos, que parece que se hacen lèíquidos al tocarlos él; y hay por su enorme garganta como un pasar profuso de umbrías aguas de sangre.
El paraje es conocido, pero el momento lo trastorna y lo hace extraño, ruinoso y monumental. Se dijera, a cada instante, que vamos a descubrir un palacio abandonado... La tarde se prolonga más allá de si misma, y la hora, contagiada de eternidad, es infinita, pacifica, insondable...
- Anda, Platero...
Paysage écarlate
Le sommet. Voilà le couchant, tout empourpré, blessé de ses propres cristaux, qui l'ensanglantent de toutes parts. Sous sa splendeur, la pinède prend un ton vert acide, vaguement rougeâtre; et les herbes et les fleurettes, flamboyantes et transparentes, embaument l'instant serein d'une essence mouillée, pénétrante et lumineuse.
Moi, je reste en extase devant le crépuscule. Platero, ses yeux noirs écarlates de couchant, s'en va, paisible, à une flaque aux eaux de carmin, de rose, de violette; il plonge doucement son museau dans les miroirs, qui semblent se liquéfier à ce contact; et dans sa gorge énorme passe comme un courant profus d'ombreuses eaux de sang.
L'endroit m'est bien connu, mais ce moment le métamorphose en paysage étrange de ruines monumentales. On dirait, à chaque instant, que nous allons découvrir un palais abandonné... La soirée se prolonge au-delà d'elle-même, et l'heure, touchée de cette contagion d'éternité, est infinie, pacifique, insondable...
- Allez, Platero...

- Allez, Nicole! Je lis à petites gorgées avides, et je voudrais ne jamais finir...
- ¡Anda, Nicole! Leo a sorbos, y con avidez, y me gustaría que nunca se acabara el libro...

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